
Le style d’un auteur : une excuse ?
- pluquetflorianpf
- 8 oct.
- 3 min de lecture
En tant que bêta-lectrice, je vois souvent des auteurs qui montent sur leurs grands chevaux :
« Je ne suis pas d’accord, c’est mon style ! »
Sauf que… non. Tout n’est pas du style. Une répétition maladroite, un dialogue plat ou une description bancale, ce n’est pas une signature artistique, c’est juste un défaut. Et il n’y a rien de honteux à ça : on en fait tous.
Le style, ça ne tombe pas du ciel
Le style, c’est le résultat d’une technique maîtrisée + d’un choix conscient.
Utiliser des phrases très courtes pour créer de la tension : style.
Balancer des phrases hachées parce qu’on n’arrive pas à construire une syntaxe fluide : maladresse.
La différence ? L’intention.
Picasso, un bon exemple ( pas en tant que personne)
Regardez Picasso. Beaucoup pensent :
« Ses tableaux , ça ressemble à rien et même un gosse de cinq ans peut en faire autant. »
Faux.
Avant d’exploser les codes, Picasso maîtrisait parfaitement le dessin académique. Ses toiles « simples » sont en fait construites avec une rigueur énorme : composition, lignes, couleurs… rien n’est laissé au hasard.
En écriture, c’est pareil. Une plume fluide, percutante, ça n’a rien de magique. Derrière, il y a des années de pratique et une vraie connaissance des bases.
Quand le style se voit trop
Le vrai talent, c’est quand le lecteur ne se rend même pas compte de l’effort. Le style doit donner une impression de simplicité, de naturel.
Si un texte crie « regarde comme je suis original ! », ce n’est plus du style, c’est de la maladresse.
Quand l’effet est forcé, lourd, ou qu’il détourne l’attention de l’histoire, l’auteur se met en avant au lieu de mettre son récit en valeur. Un style réussi, c’est celui qui sert l’histoire en toute discrétion.
Comment un bêta-lecteur fait la différence
Répétition
Style : répétition voulue pour le rythme.
Maladresse : mot répété trois fois faute de vocabulaire ou de relecture.
Longueur des phrases
Style : phrases volontairement longues ou courtes pour créer un effet.
Maladresse : phrases bancales ou interminables parce que l’auteur perd le fil.
Images et métaphores
Style : image originale et parlante.
Maladresse : métaphore cliché ou incompréhensible.
Dialogues
Style : choix assumé (secs, poétiques, ironiques…).
Maladresse : tous les personnages parlent pareil, ou balancent des infos en mode infodump.
Cohérence
Style : Il y a une bizarrerie mais c’est mis en valeur volontairement et ça se justifie plus tard dans l’intrigue
Maladresse : l’auteur n’est pas capable de répondre aux questions que le lecteur se pose
Bref : le style est maîtrisé, la maladresse est subie. Et ça, un bêta-lecteur le voit.
Il faut donc arrêter de se cacher derrière le mot « style »
Dire « c’est mon style » pour justifier ses faiblesses, c’est se fermer la porte de l’amélioration. Le rôle d’un bêta-lecteur n’est pas de te rabaisser mais de t’aider à progresser.
L’art c’est de la technique
En voyant ton texte d’une façon trop émotionnelle et sans t’en détacher un minimum, tu n’y arrivera pas. Ton roman n’est ni ton bébé, ni l’œuvre de ta vie surtout si c’est un premier roman.
En te positionnant dans le rôle de l’artiste duquel jaillis l’inspiration et pour qui tout coule de source, tu fais fausse route.
L’écriture est un travail et comme tout travail demande une formation et des techniques. Ton premier roman ne sera pas parfait mais si tu ne le vois pas comme un morceau de toi mais comme un brouillon, un essai, un entraînement alors tu progresseras et en écrira de nombreux autres.
Un jour, quand tu feras des choix conscients et assumés, là oui, on pourra dire : « Ça, c’est ton style. » mais pour cela, il faut quelques années de travail.




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